Il est un mal, le plus pénible de tous les maux celui qui provient d’une nouvelle qui vous fait dresser les poils, vous fait fondre et vous laisse perplexe et incapable de retenir vos émotions.  Pour ceux qui l'ont connu, l’annonce de la mort de Dda Moh est plus qu’abominable, elle est insupportable. Il était si calme, patient, audacieux, si sage et très adroit qu’habile.

 

De son passé, il n’avait jamais fermé les portes de sa maison ni celles qui s'ouvraient à lui, mais il avait choisi de rester toute sa vie célibataire. Il disait à ce sujet qu’un être ne peut appartenir qu’à lui-même. Ce qui le préoccupait le plus, et de tout temps, était sa liberté. Pour échapper  à la misère villageoise, très tôt, il avait choisi de se rendre à Alger où il avait fait ses premiers pas de « vagabond » au bon cœur. C’est à la Casbah qu’il s’était forgé, et avait appris à compter sur personne. 

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                   

 Il était un homme très fort et débrouillard. Sa maîtrise, son sang froid, et sa force physique qu’il avait su mettre au service des plus faibles et des « opprimés » lui ont valu la connaissance du boxeur Omar Kouidri, Mohamed El Hadj El Anka, et beaucoup d’autres personnalités.

 

Il était aussi un chevronné de la marche. On le rencontrait partout. Sa traversée, d’Alger à Tunis en passant par le désert, lui avait été un enrichissement considérable et lui avait ouvert les yeux sur la société dans laquelle il vivait. Tous ceux qui l’avaient côtoyé s’accordent à dire qu’il était, à sa manière, un philosophe invétéré. Avec son calme, son abondance de paroles, il pouvait faire face à n’importe quel orateur, tout en éclairant avec art et manière les sujets abordés, d ahddad bw awal comme on dit.

 

Indépendant de toute opinion confessionnelle, il avait sa façon de voir, d’interpréter et de croire. Il disait qu’il faut être aveugle pour ne pas croire au "Bon Dieu". Ses convections religieuses, comme dans les sagesses primordiales, au temps des anciens grecs, s’appuyaient sur les quatre éléments qui sont : La Terre, L’Eau, L’Air et Le Feu. En sa présence, lorsque quelqu’un blasphème Dieu il se contentait juste de quitter le groupe. Par contre chez lui qui était un lieu de pèlerinage des jeunes, une maison de « culture » en quelque sorte, quand on transgresse ses lois et particulièrement les lois devines il n’hésitait pas à mettre tout le monde dehors. Comme anecdote, un jour, un jeune qui avait commis auparavant une erreur, que seul lui connaissait, revient, un plat de couscous bien garni à la main, pour se racheter. Il frappe à la porte et Dda Moh, après l’avoir identifié, lui répondait : « Ta commission est la bienvenue mais toi… ». Sans dire un mot de plus, le jeune déposa le plat au seuil de la porte et rebroussa le chemin avec l’espoir qu’un jour il sera pardonné. Beaucoup d’anecdotes de ce genre, d’histoires passionnantes à raconter mais quelques lignes ne suffiraient pas à résumer presque un siècle de vie.       

      

A 96 ans, Dda Moh, dit Mohand Arezki n Sadets ou Tchipouh de surnom, fut rappelé au ciel, sans doute pour retrouver le repos éternel et satisfaire les anges. Il nous a quittés physiquement mais il restera toujours présent dans nos cœurs. Repose en paix A Dda Moh.

 

                                              

 

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Tchipouh...nous a quittés
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